Partout dans le monde, les perturbations numériques, la dynamique internationale changeante et les marchés émergents font évoluer les structures économiques et les modèles opérationnels. Parallèlement, les technologies de transformation comme l’intelligence artificielle, la technologie de cinquième génération, la chaîne de blocs et de nombreuses autres ont déjà commencé à jouer un rôle significatif dans notre économie actuelle et nos communautés, et elles continueront de créer de nouvelles possibilités, de générer du potentiel et d’entraîner des changements importants dans bon nombre de secteurs. Par exemple, même les industries les plus traditionnelles comme la foresterie évoluent et s’adaptent aux nouveaux besoins opérationnels, souvent en expérimentant de nouvelles technologies. L’entreprise CollectiveCrunch utilise l’intelligence artificielle pour définir et modéliser différentes caractéristiques de l’inventaire forestier . Au Canada, l’industrie forestière est depuis longtemps un pilier de la force économique, la Colombie-Britannique et l’Alberta jouant des rôles primordiaux. De nouvelles entreprises en gestion forestière sont créées dans l’ensemble du pays et, en Colombie-Britannique, des entreprises bien établies comme TimberWest explorent des technologies comme LIDAR afin de mieux évaluer la diversité des microhabitats et d’améliorer les résultats.

Bien qu’il ne s’agisse que d’un seul exemple de l’intégration de la technologie dans l’industrie forestière, tous les secteurs de l’économie comporteront de plus en plus un volet numérique. Traditionnellement, le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) a joué un rôle important dans la réorganisation de la productivité au Canada, en transformant les processus de production, favorisant les gains d’efficacité et stimulant l’innovation. Le secteur contribue également de façon considérable à l’économie canadienne, le PIB total atteignant près de 89 milliards de dollars en 2018. Représentant plus de 4,5 % du rendement économique total au Cana- da, sa croissance était presque le double de celle observée dans l’économie canadienne globale pendant la même période. Pourtant, malgré ce dynamisme économique, les progrès technologiques réalisés dans d’autres secteurs modifient les limites de l’économie numérique puisque de plus en plus de travailleurs des TIC travaillent en dehors du secteur des TIC. En 2009, l’emploi dans l’économie numérique au sein du secteur des TIC dépassait 52 %, mais 10 ans plus tard, le secteur des TIC compte moins de 48 % de tous les emplois de l’économie numérique.

Notre avenir à court terme indique peut-être une dynamique commerciale internationale incertaine, paralysant potentiellement la croissance globale de l’emploi, en plus des considérations environnementales pressantes, parmi d’autres facteurs. Cependant, le Canada a l’occasion de créer, d’innover et d’élargir notre empreinte économique numérique malgré ces réalités, et des entreprises canadiennes se classent déjà parmi les chefs de file dans certains domaines technologiques déterminants. Il suffit d’observer la solide présence de Montréal dans le domaine de la recherche en intelligence artificielle ou encore le bastion de médias numériques de Vancouver pour comprendre que nous sommes dans une position idéale pour croître.

De plus, grâce à de nouvelles initiatives comme les supergrappes d’innovation ou à des accords commerciaux comme l’AECG qui ouvrent la porte au plus grand marché mondial, la demande pour des produits, des services et des innovations locaux peut rapidement prendre de l’ampleur. Parallèlement, le besoin de main-d’œuvre qualifiée sur le plan numérique, laquelle peut développer, mettre en œuvre, utiliser et améliorer les technologies de transformation en vue d’appuyer l’économie numérique du Canada, est constant. 

Les talents qualifiés en numérique sont la pierre angulaire de notre réussite économique et, tout comme le Canada, bon nombre de pays du monde entier connaissent et con- naîtront une crise en matière d’approvisionnement de talents à l’avenir, surtout que les technologies clés comme l’intelligence artificielle continueront d’avoir un impact con- sidérable sur la façon dont nous faisons des affaires. Selon un scénario de croissance modérée, le CTIC prévoit que la demande pour des talents qualifiés en numérique au Canada atteindra plus de 305 000 d’ici 2023. Si ces besoins sont comblés, l’emploi total dans l’économie numérique canadienne atteindra plus de 2,1 millions. Même en tenant compte de la possibilité d’un ralentissement économique à plus long terme, le besoin de talents numériques demeure important. Selon un scénario de croissance restrictive, le Canada enregistrera tout de même une demande pour des talents en numérique qui totalisera quelque 250 000 travailleurs d’ici 2023. Si ce scénario se concrétise, l’emploi dans l’économie numérique atteindra plus de 2,05 millions de travailleurs et l’impact économique de ces emplois sera de 160 milliards de dollars d’ici 2023. 

Certes, notre parcours numérique n’est pas sans difficulté. Certaines découlent même des tendances mondiales qui sont hors de notre contrôle. Toutefois, en tant que nation, notre chemin vers la réussite dans cette économie connectée demeure directe- ment ancré dans notre capacité d’adopter intégralement les technologies numériques au cours des prochaines années. Elles changeront la façon dont nous travaillons et interagissons les uns avec les autres, la façon dont les entreprises sont exploitées, ainsi que nos relations avec les marchés mondiaux. Comme pays, il sera essentiel de trans- former cette perturbation imminente en possibilités. Nous devons mettre l’accent sur le développement, la formation et l’attraction des talents qualifiés qui faciliteront les progrès économiques durables, favoriseront notre avantage concurrentiel, et, au bout du compte, protégeront notre réussite future continue.