Introduction

La numérisation transforme rapidement l’économie mondiale mais elle a également stimulé la croissance rapide de la prévalence et de l’intensité de la cybercriminalité. La cybersécurité est un domaine aux multiples facettes avec de nombreuses spécialisations, notamment l’administration de réseaux, l’analyse générale de la cybersécurité, la réaction en cas d’incident et la criminalistique numérique. À l’échelle mondiale, il existe un déficit important de talents en cybersécurité. En 2021, l’association internationale des leaders de la sécurité de l’information (ISC)² a fait état d’un déficit mondial de main-d’œuvre en cybersécurité de 2,72 millions de travailleuses et travailleurs, contre 3,12 millions l’année précédente. Le Canada ne fait pas exception à cette tendance. La même étude de (ISC)² a révélé qu’il y avait 123 696 professionnelles/professionnels de la cybersécurité au Canada, une forte augmentation par rapport à deux ans plus tôt, mais qu’il reste une pénurie de talents de 25 000 professionnelles/professionnels dans le domaine. En bref, dans un domaine où le chômage est pratiquement nul, environ un poste sur six n’est pas pourvu.

Le CTIC a créé le CCNFC, le Comité consultatif national du CTIC pour la formation en cybersécurité, afin de proposer une approche fondée sur des preuves pour résoudre la crise des talents en cybersécurité. Ce rapport de recherche qui vise à décrire la situation des talents en cybersécurité au Canada et à proposer des solutions stratégiques potentielles, résume les études existantes sur l’écosystème de la cybersécurité au pays et à l’étranger, et les combine avec des données de recherche originales provenant d’employeuses et d’employeurs et d’étudiantes et d’étudiants. Le rapport examine la viabilité de voies alternatives pour obtenir une formation en cybersécurité, comme les expériences de microapprentissage et l’apprentissage intégré au travail.

Notre recherche confirme que la cybersécurité est un domaine rigoureux et spécialisé confronté à un fort déficit de talents. En raison des salaires élevés motivés par une pénurie de talents, de nombreuses organisations ne parviennent pas à trouver le personnel nécessaire. Et pourtant, malgré des rémunérations très élevées, on observe une autosélection généralisée hors du domaine; près tiers des répondants masculins et environ la moitié des étudiantes finissent par quitter le domaine au cours de leurs études. Parmi ceux qui deviennent des employées/employés à part entière de la cybersécurité, les sentiments d’épuisement professionnel sont courants. D’une certaine manière, la situation des talents en cybersécurité au Canada peut être plus intense qu’aux ÉtatsUnis pour plusieurs raisons. Premièrement, l’absence d’un cadre de compétences mis en œuvre à l’échelle nationale (semblable au NICE aux États-Unis) a entravé la communication entre les employeuses et employeurs et les employées/employés potentielles/potentiels en cybersécurité au sujet des compétences nécessaires pour réussir. Deuxièmement, il y a un manque de communication entre l’industrie et le milieu universitaire. Enfin, le Canada est confronté au risque de « braconnage de talents » par les États-Unis où l’industrie technologique offre généralement des régimes de rémunération encore plus avantageux.

Néanmoins, l’étude constate également des développements positifs dans l’enseignement de la cybersécurité au Canada. Les programmes de microapprentissage et d’apprentissage intégré au travail sont bien accueillis par les anciennes étudiantes et anciens étudiants du domaine, la majorité d’entre elles et eux indiquant que ces programmes auraient pu les dissuader de quitter le domaine. Puisqu’il n’y a pas d’écart significatif entre ce que les étudiantes et étudiants en cybersécurité désirent étudier et les besoins de l’industrie, le fait de fournir aux étudiantes et étudiants des programmes éducatifs appropriés devrait permettre à la main-d’œuvre de croître tout en satisfaisant les besoins de l’industrie.
 

Rapport

Pour citer ce rapport :

QUAN, Trevor, Chris HERRON. Développement des talents en cybersécurité : protéger l’économie numérique du Canada, Ottawa (Canada), Conseil des technologies de l’information et des communications, 2022.